traduction : Gilles Chertier
Source : Publico.Es
http://www.publico.es/
Les « nomades » nucléaires français devant le tribunal
Entre 20 000 et 30 000 sous-traitants se chargent des tâches les plus dangereuses
ANDRÉS PÉREZ 01/06/2010 4 h 15 Dernière mise à jour : 01/06/2010 4 h 16
Le Tribunal des prud'hommes de Rouen, à l'ouest de Paris, examine à partir d'aujourd'hui l'affaire Philippe Billard. Il s'agit du technicien de l'industrie nucléaire, licencié par la société Endel, qui fait éclater en France le scandale des sous-traitants de ce secteur. M. Billard, syndicaliste et fondateur d'une association, lutte pour que le pays leader dans le domaine du nucléaire civil reconnaisse les faits : entre 20 000 et 30 000 salariés ne sont pas des salariés des centrales, mais des sous-traitants employés "en cascade". Ils se chargent des tâches les plus dangereuses, absorbent 80 % des rayonnements et ne font pas l'objet d'un suivi médical fixe.
M. Billard a été le premier à dénoncer cette réalité. Employé par la société Endel, l'un des quatre grands sous-traitants des centrales administrées par EDF, il a refusé en 2005 de se convertir en « nomade du secteur nucléaire ». Autrement dit, il a refusé de changer de poste et de centrale chaque semaine, comme c'est le cas d'au moins 18 000 de ses collègues.
Explication : « Je travaillais à l'entretien des centrales de la Région Normandie. Cependant, je me suis beaucoup impliqué pour que nous, salariés des sociétés sous-traitantes, portions plainte pour les accidents du travail dont nous étions victimes. » Il assure qu’on a tenté de le licencier lorsqu'il a commencé à inciter ses collègues à porter plainte.
En vertu de la protection assurée par son mandat syndical, l'Inspection du travail et le ministère ont ordonné sa réintégration. L'entreprise persiste cependant dans son refus de le réintégrer. Le jugement de demain précédera celui, plus important, où la justice pénale tranchera dans l’affaire opposant Philippe Billard à Endel.
Ce litige résulte de l'entêtement de la société Endel. L'association de M. Billard, Santé/Sous-traitance, a remporté en janvier dernier une victoire historique lorsque, pour la première fois, les tribunaux ont reconnu que le cancer contracté par un employé d'un sous-traitant du secteur nucléaire résultait directement de son travail pour EDF.
Selon Anne Thébaud Mony, enquêtrice de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), « l'industrie nucléaire organise le non-suivi médical des travailleurs les plus exposés ». Autrement dit, les employés des sous-traitants ne sont pas pris en compte dans les enquêtes épidémiologiques ni les statistiques sur le personnel des centrales.
Entre 20 000 et 30 000 sous-traitants se chargent des tâches les plus dangereuses
ANDRÉS PÉREZ 01/06/2010 4 h 15 Dernière mise à jour : 01/06/2010 4 h 16
Le Tribunal des prud'hommes de Rouen, à l'ouest de Paris, examine à partir d'aujourd'hui l'affaire Philippe Billard. Il s'agit du technicien de l'industrie nucléaire, licencié par la société Endel, qui fait éclater en France le scandale des sous-traitants de ce secteur. M. Billard, syndicaliste et fondateur d'une association, lutte pour que le pays leader dans le domaine du nucléaire civil reconnaisse les faits : entre 20 000 et 30 000 salariés ne sont pas des salariés des centrales, mais des sous-traitants employés "en cascade". Ils se chargent des tâches les plus dangereuses, absorbent 80 % des rayonnements et ne font pas l'objet d'un suivi médical fixe.
M. Billard a été le premier à dénoncer cette réalité. Employé par la société Endel, l'un des quatre grands sous-traitants des centrales administrées par EDF, il a refusé en 2005 de se convertir en « nomade du secteur nucléaire ». Autrement dit, il a refusé de changer de poste et de centrale chaque semaine, comme c'est le cas d'au moins 18 000 de ses collègues.
Explication : « Je travaillais à l'entretien des centrales de la Région Normandie. Cependant, je me suis beaucoup impliqué pour que nous, salariés des sociétés sous-traitantes, portions plainte pour les accidents du travail dont nous étions victimes. » Il assure qu’on a tenté de le licencier lorsqu'il a commencé à inciter ses collègues à porter plainte.
En vertu de la protection assurée par son mandat syndical, l'Inspection du travail et le ministère ont ordonné sa réintégration. L'entreprise persiste cependant dans son refus de le réintégrer. Le jugement de demain précédera celui, plus important, où la justice pénale tranchera dans l’affaire opposant Philippe Billard à Endel.
Ce litige résulte de l'entêtement de la société Endel. L'association de M. Billard, Santé/Sous-traitance, a remporté en janvier dernier une victoire historique lorsque, pour la première fois, les tribunaux ont reconnu que le cancer contracté par un employé d'un sous-traitant du secteur nucléaire résultait directement de son travail pour EDF.
Selon Anne Thébaud Mony, enquêtrice de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), « l'industrie nucléaire organise le non-suivi médical des travailleurs les plus exposés ». Autrement dit, les employés des sous-traitants ne sont pas pris en compte dans les enquêtes épidémiologiques ni les statistiques sur le personnel des centrales.