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EPINAL (AFP) - 07/09/2007 16h34
Les victimes de l'accident de radiothérapie d'Epinal, inquiètes de leur sort, veulent rencontrer la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, après la révélation vendredi de 4.500 cas plus ou moins graves de surirradiation.
Cette démarche s'inscrit dans une "recherche de la vérité", afin que la ministre "apporte quelques lumières" aux patients, explique Philippe Stabler, président de l'Association vosgienne des surirradiés de l'hôpital d'Epinal (AVSHE), qui regroupe 67 victimes.
"On n'a pas d'informations, on est dans le flou", peste-t-il. "On ne sait pas qui a fait quoi, pourquoi, pourquoi ça a duré si longtemps, et pour quelles raisons ça a été dissimulé", énumère M. Stabler, qui dénonce une "absence de volonté de réunir les victimes pour leur donner des explications".
Informé par courrier le 1er avril qu'il avait été soumis à une surdose de 8%, cet informaticien de 54 ans, traité en 2006 pour un cancer de la prostate, dit souffrir depuis lors d'une "double peine".
"Déjà, vous avez un cancer", explique-t-il, "mais en plus, vous avez des douleurs, vous allez aux toilettes huit fois par jour pour faire du sang, vous avez des diarrhées. Ce n'est vraiment pas facile".
Et de poursuivre: "Certains adhérents de l'association doivent prendre deux comprimés d'imodium avant d'aller chercher leur pain. D'autres n'osent même plus sortir de chez eux".
L'annonce vendredi de 4.500 cas au total, dont 300 plus sérieux, de surirradiation à l'hôpital d'Epinal, touchant tous les patients qui ont été traités par radiothérapie entre 1989 et 2000 dans cet établissement, à l'exception des cancers du sein, l'a dès lors "affolé".
"C'est encore loin d'être fini. Ils vont nous sortir encore d'autres malades", affirme Philippe Stabler.
Un pronostic partagé par Valérie Bell, dont la soeur, Michèle Genay, traitée en 2004 par radiothérapie pour un cancer du sein, est morte à 41 ans dans d'atroces souffrances, sans être reconnue comme une victime des surirradiations.
"Quand elle revenait des séances, elle pelait du dos. Fin 2005, elle ne pouvait plus se lever. A l'hôpital de Colmar, où elle a été emmenée, les médecins ont diagnostiqué un +écrasement des vertèbres probablement dû à la radiothérapie", se souvient-elle.
"Mais quand ma soeur est morte, on nous a dit que c'était des suites de son cancer", rappelle Mme Bell qui affirme se battre "pour que son dossier soit examiné", "pour qu'on nous dise ce qui s'est réellement passé".
"Mes clients sont furieux des mensonges qui n'ont cessé d'être diffusés pendant des mois", s'indigne Me Gérard Welzer, avocat de l'AVSHE, qui dit avoir reçu 150 victimes dans son étude, dont 70 ont jusqu'à présent déposé plainte. "Et chaque jour, des gens appellent", insiste-t-il.
Selon un bilan datant de juillet, 409 patients ont été victimes de forte surirradiation entre 2000 et 2006 lors du traitement par radiothérapie de leur cancer de la prostate à Epinal. Vingt-quatre autres hommes, traités pour la même maladie, avaient été victimes d'un surdosage bien plus fort, de l'ordre de 20%, entre mai 2004 et août 2005, parmi lesquels cinq sont décédés.